LE FESTIN MUSICAL
Chaque année, le festival BRuMM propose une journée d’étude dans un lieu accessible à tous et dans un format convivial propice aux échanges et à la transmission des savoirs.
Cette journée est organisée autour de rencontres thématiques durant lesquelles entrent en dialogue à la fois des chercheurs (ethnomusicologues, sociologues, anthropologues…) et des artistes. La journée est aussi rythmée par des interludes musicaux qui permettent de découvrir les musiciens et musiciennes dans leurs pratiques.
L’édition 2024 s’intéressera aux pratiques conviviales et festives qui rythment la vie sociale des communautés présentes à Bruxelles. Avec ses partenaires, BRuMM fera vivre au public ces moments privilégiés où le fait d’être ensemble, de partager et de communiquer par la musique est central. Venez découvrir ces formes chargées de sens par lesquelles se transmettent une culture, des savoirs, des répertoires, des valeurs.
14:00 | INTRODUCTION
14:15 | PRÉLUDE
Maria Spyroglou (chant, baglama) | Michel Karakatsanis (bouzouki)
14:30 | SUR LES TRACES DU REBETIKO
Rencontre avec Maria Spyroglou
Tradition musicale urbaine liée à l’exode des Grecs d’Asie mineure, chassés de leur terre natale dans les années 20, le rebetiko, s’est développé dans les tavernes, les fumeries de haschisch, les prisons. Véritable liturgie profane, avec ses codes et ses rites, célébrée autour de la camaraderie et de l’amour par des hommes et des femmes, fiers et libres de toutes entraves, vivant souvent en marge de la société, le rebetiko, porté par ses deux instruments à cordes fétiches, le bouzouki et le baglama, fut la voix du sous-prolétariat urbain. Comme le blues ou le fado, le rebetiko est un chant de déracinés s’épanouissant sur l’asphalte des villes, des bas-fonds du Pirée et d’Athènes aux quartiers populaires de Bruxelles qui ont accueillis à partir des années 50 une importante immigration de main-d’oeuvre grecque. Aujourd’hui, le rebetiko continue de résonner dans les clubs, bars et tavernes grecs de la capitale.
La chanteuse Maria Spyroglou est née à Bruxelles et a toujours baigné dans la musique grecque, celle de ses origines. Très jeune, elle écoute Roza Eskenazi, Markos Vamvakaris, Rita Ampatzi… et tombe amoureuse du rebetiko.
Un entretien avec Hélène Delaporte, chargée de projets (CBAI).
15:15 | INTERLUDE
15:30 | LE MUHABBET
Dans l’intimité joyeuse des Alévis
Dans les communautés alévies de Turquie implantées en Europe, l’amour de la musique comme expression d’une sociabilité idéale s’exprime particulièrement dans la pratique du muhabbet, littéralement “conversation ou dialogue agréable”, durant lequel les convives rassemblés autour d’une tablée chantent à tour de rôle la poésie des âşık, les troubadours anatoliens, jouent du saz bağlama, le luth à long manche, mangent et conversent.
Nicolas Elias, anthropologue, et Harun Özdemir, musicien et acteur associatif, apporteront chacun leur éclairage sur ces réunions en cercle restreint, d’une intimité joyeuse, où se manifeste la chaleur de la rencontre par le chant, la musique et la danse.
Né à Bruxelles au croisement d’identités multiples, d’un père communiste, exilé politique, militant syndicaliste d’origine kurde et d’une mère turque alévie, Harun Özdemir a appris à jouer du saz baglama dès l’âge de 12 ans. Harun est très actif au sein des organisations de la communauté alévie en Belgique.
Nicolas Elias est maître de conférence en langue et civilisation turque à l’INALCO (Paris). Ses travaux portent notamment sur les pratiques rituelles et la sociabilité des Bektaşi (membres d’une ordre mystique et initiatique partageant le même credo que les Alevis) dans les montagnes du Taurus, au sud-ouest de la Turquie.
Une rencontre modérée par Nathalie Caprioli (Imag/CBAI).
16:15 | PAUSE GOÛTER
16:30 | LA RUMBA CONGOLAISE
Vie et présence à Bruxelles
Écoutée par des millions d’adeptes à travers le monde, la rumba congolaise est inscrite depuis décembre 2021 au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Les musiciens de rumba ont fait danser depuis plusieurs générations le continent africain et ont rythmé les indépendances. Dans la diaspora, la circulation de cette musique se fait souvent dans le cadre d’une sociabilité communautaire proche de la vie sociale kinoise. Les prestations scéniques relient dans un jeu de miroir les musiciens et leur public, rassemblés dans un rituel codifié par les protagonistes, avec ses initiations et ses secrets, sa liturgie et ses règles vestimentaires, la fameuse SAPE (société africaine des personnes élégantes). Mais la rumba congolaise attire aussi un public au-delà de la diaspora. Elle permet de construire des ponts entre les différentes populations d’une ville superdiversifiée comme Bruxelles.
Pour discuter de la place de la rumba congolaise tant dans la vie de la diaspora que dans la vie culturelle et musicale de Bruxelles en général, nous avons réunis deux artistes majeurs de la scène musicale diasporique congolaise.
Natif de Kinshasa, Pytshens Kambilo commence sa carrière de musicien à l’âge de 12 ans comme batteur, et saisit sa première guitare à 15 ans. Multipliant les collaborations et les projets personnels, il navigue de la rumba au reggae, en passant par le jazz et la musique folk. En plus d’être auteur, compositeur, chanteur, guitariste, ingénieur du son, il se définit comme archéologue musical. Depuis plus de 4 ans, il analyse et transcrit des centaines de morceaux de rumba congolaise conservés dans les archives sonores de l’Africa Museum de Tervuren. Ce travail fait l’objet d’un livre en cours de parution : Lindanda en partition.
Chanteur et auteur-compositeur de rumba congolaise, Klay Mahungu est aussi entrepreneur culturel, organisateur et animateur de conférences et formations sur la rumba congolaise. Il est aussi actif dans la production et l’organisation de concerts depuis 2008 et mène plusieurs partenariats avec Bozar et le Musée royal de l’Afrique centrale.
Une rencontre modérée par Marco Martiniello, directeur du CEDEM – ULg.
17:15 | INTERLUDE
Pytshens Kambilo (voix, guitare)
17:30 | LE CERCLE DES MUSICIENS
Une introduction à la roda de choro par Henri Greindl
Des musiciens réunis autour d’une table : professionnels, amateurs, débutants ou confirmés, ils partagent leur passion commune pour le choro, cette musique chatoyante typiquement brésilienne née à Rio de Janeiro à la fin du XIXe siècle. L’expérience collective de la roda, partagée par tous ceux qui y participent, en fait un lieu de transmission musicale et d’interaction sociale.
Le concept de la roda de choro s’est exporté au-delà du Brésil, souvent à l’initiative de musiciens brésiliens installés à l’étranger. Si de grandes villes à travers le monde ont leur roda, Bruxelles n’est pas en reste, puisqu’une Roda de Choro de Bruxelas se réunit régulièrement à l’initiative d’Henri Greindl.
Multi-instrumentiste (contrebasse, guitare, basse), compositeur et ingénieur du son, Henri Greindl est touché par le virus de la musique brésilienne depuis son premier voyage en 1983. Après plusieurs années de guitare classique, Henri s’est tourné vers les musiques improvisées et a joué dans de multiples formations de jazz. Il a créé ou co-créé de nombreux groupes souvent liés aux musiques latino-américaines (Gulfstream, H. Greindl 5tet & 7tet, Cheiro de Choro, Parfum Latin, Carmiña, Professeur Jatoba, etc.). Depuis 1997, il a produit avec son label indépendant, Mogno Music, près d’une centaine d’albums de jazz et musiques du monde.
Un entretien avec Tanju Goban, chargé de projets (CBAI).
18:00 | CLÔTURE APÉRO MEZZE
DATE
Mardi 9 avril 2024 | 14:00 > 18:30
LIEU
Maison de la création – MC Bockstael
Boulevard Emile Bockstael 246A
1020 Laeken
TARIF
Gratuit
INFOS ET RÉSERVATIONS
+32 (0)2 289 70 54
pina.manzella@cbai.be
LE FESTIN MUSICAL
Chaque année, une journée d’étude annuelle est organisée dans un lieu accessible à tous et un format convivial propice aux échanges et à la transmission des savoirs. Elle est organisée autour de rencontres thématiques durant lesquelles entrent en dialogue à la fois des chercheurs (ethnomusicologues, sociologues, anthropologues…) et des artistes. La journée est aussi rythmée par des interludes musicaux qui permettent de découvrir les musiciens et musiciennes dans leurs pratiques.
L’édition 2024 s’intéressera aux pratiques conviviales et festives qui rythment la vie sociale des communautés présentes à Bruxelles. Avec ses partenaires, BRuMM fera vivre au public ces moments privilégiés où le fait d’être ensemble, de partager et de communiquer par la musique est central. Venez découvrir ces formes chargées de sens par lesquelles se transmettent une culture, des savoirs, des répertoires, des valeurs.
14:00 | INTRODUCTION
14:15 | PRÉLUDE
Maria Spyroglou (chant, baglama) | Michel Karakatsanis (bouzouki)
14:30 | SUR LES TRACES DU REBETIKO
Rencontre avec Maria Spyroglou
Tradition musicale urbaine liée à l’exode des Grecs d’Asie mineure, chassés de leur terre natale dans les années 20, le rebetiko, s’est développé dans les tavernes, les fumeries de haschisch, les prisons. Véritable liturgie profane, avec ses codes et ses rites, célébrée autour de la camaraderie et de l’amour par des hommes et des femmes, fiers et libres de toutes entraves, vivant souvent en marge de la société, le rebetiko, porté par ses deux instruments à cordes fétiches, le bouzouki et le baglama, fut la voix du sous-prolétariat urbain. Comme le blues ou le fado, le rebetiko est un chant de déracinés s’épanouissant sur l’asphalte des villes, des bas-fonds du Pirée et d’Athènes aux quartiers populaires de Bruxelles qui ont accueillis à partir des années 50 une importante immigration de main-d’oeuvre grecque. Aujourd’hui, le rebetiko continue de résonner dans les clubs, bars et tavernes grecs de la capitale.
La chanteuse Maria Spyroglou est née à Bruxelles et a toujours baigné dans la musique grecque, celle de ses origines. Très jeune, elle écoute Roza Eskenazi, Markos Vamvakaris, Rita Ampatzi… et tombe amoureuse du rebetiko.
Un entretien avec Hélène Delaporte, chargée de projets (CBAI).
15:15 | INTERLUDE
15:30 | LE MUHABBET
Dans l’intimité joyeuse des Alévis
Dans les communautés alévies de Turquie implantées en Europe, l’amour de la musique comme expression d’une sociabilité idéale s’exprime particulièrement dans la pratique du muhabbet, littéralement “conversation ou dialogue agréable”, durant lequel les convives rassemblés autour d’une tablée chantent à tour de rôle la poésie des âşık, les troubadours anatoliens, jouent du saz bağlama, le luth à long manche, mangent et conversent.
Nicolas Elias, anthropologue, et Harun Özdemir, musicien et acteur associatif, apporteront chacun leur éclairage sur ces réunions en cercle restreint, d’une intimité joyeuse, où se manifeste la chaleur de la rencontre par le chant, la musique et la danse.
Né à Bruxelles au croisement d’identités multiples, d’un père communiste, exilé politique, militant syndicaliste d’origine kurde et d’une mère turque alévie, Harun Özdemir a appris à jouer du saz baglama dès l’âge de 12 ans. Harun est très actif au sein des organisations de la communauté alévie en Belgique.
Nicolas Elias est maître de conférence en langue et civilisation turque à l’INALCO (Paris). Ses travaux portent notamment sur les pratiques rituelles et la sociabilité des Bektaşi (membres d’une ordre mystique et initiatique partageant le même credo que les Alevis) dans les montagnes du Taurus, au sud-ouest de la Turquie.
Une rencontre modérée par Nathalie Caprioli (Imag/CBAI).
16:15 | PAUSE GOÛTER
16:30 | LA RUMBA CONGOLAISE
Vie et présence à Bruxelles
Écoutée par des millions d’adeptes à travers le monde, la rumba congolaise est inscrite depuis décembre 2021 au patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Les musiciens de rumba ont fait danser depuis plusieurs générations le continent africain et ont rythmé les indépendances. Dans la diaspora, la circulation de cette musique se fait souvent dans le cadre d’une sociabilité communautaire proche de la vie sociale kinoise. Les prestations scéniques relient dans un jeu de miroir les musiciens et leur public, rassemblés dans un rituel codifié par les protagonistes, avec ses initiations et ses secrets, sa liturgie et ses règles vestimentaires, la fameuse SAPE (société africaine des personnes élégantes). Mais la rumba congolaise attire aussi un public au-delà de la diaspora. Elle permet de construire des ponts entre les différentes populations d’une ville superdiversifiée comme Bruxelles.
Pour discuter de la place de la rumba congolaise tant dans la vie de la diaspora que dans la vie culturelle et musicale de Bruxelles en général, nous avons réunis deux artistes majeurs de la scène musicale diasporique congolaise.
Natif de Kinshasa, Pytshens Kambilo commence sa carrière de musicien à l’âge de 12 ans comme batteur, et saisit sa première guitare à 15 ans. Multipliant les collaborations et les projets personnels, il navigue de la rumba au reggae, en passant par le jazz et la musique folk. En plus d’être auteur, compositeur, chanteur, guitariste, ingénieur du son, il se définit comme archéologue musical. Depuis plus de 4 ans, il analyse et transcrit des centaines de morceaux de rumba congolaise conservés dans les archives sonores de l’Africa Museum de Tervuren. Ce travail fait l’objet d’un livre en cours de parution : Lindanda en partition.
Chanteur et auteur-compositeur de rumba congolaise, Klay Mahungu est aussi entrepreneur culturel, organisateur et animateur de conférences et formations sur la rumba congolaise. Il est aussi actif dans la production et l’organisation de concerts depuis 2008 et mène plusieurs partenariats avec Bozar et le Musée royal de l’Afrique centrale.
Une rencontre modérée par Marco Martiniello, directeur du CEDEM – ULg.
17:15 | INTERLUDE
Pytshens Kambilo (voix, guitare)
17:30 | LE CERCLE DES MUSICIENS :
Une introduction à la roda de choro par Henri Greindl
Des musiciens réunis autour d’une table : professionnels, amateurs, débutants ou confirmés, ils partagent leur passion commune pour le choro, cette musique chatoyante typiquement brésilienne née à Rio de Janeiro à la fin du XIXe siècle. L’expérience collective de la roda, partagée par tous ceux qui y participent, en fait un lieu de transmission musicale et d’interaction sociale.
Le concept de la roda de choro s’est exporté au-delà du Brésil, souvent à l’initiative de musiciens brésiliens installés à l’étranger. Si de grandes villes à travers le monde ont leur roda, Bruxelles n’est pas en reste, puisqu’une Roda de Choro de Bruxelas se réunit régulièrement à l’initiative d’Henri Greindl.
Multi-instrumentiste (contrebasse, guitare, basse), compositeur et ingénieur du son, Henri Greindl est touché par le virus de la musique brésilienne depuis son premier voyage en 1983. Après plusieurs années de guitare classique, Henri s’est tourné vers les musiques improvisées et a joué dans de multiples formations de jazz. Il a créé ou co-créé de nombreux groupes souvent liés aux musiques latino-américaines (Gulfstream, H. Greindl 5tet & 7tet, Cheiro de Choro, Parfum Latin, Carmiña, Professeur Jatoba, etc.). Depuis 1997, il a produit avec son label indépendant, Mogno Music, près d’une centaine d’albums de jazz et musiques du monde.
Un entretien avec Tanju Goban, chargé de projets (CBAI).
18:00 | CLÔTURE APÉRO MEZZE
DATE
Mardi 9 avril 2024 | 14:00 > 18:30
LIEU
Maison de la création – MC Bockstael
Boulevard Emile Bockstael 246A
1020 Laeken
TARIF
Gratuit
INFOS ET RÉSERVATIONS
+32 (0)2 289 70 54
pina.manzella@cbai.be
Voir aussi
Harun Özdemir (saz baglama) | extrait de « L’Univers danse le semah »